Corrigé de philo :

Il s’agit du sujet du bac de la section littéraire : « Est-il préférable de mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes ? »

REMARQUES LIMINAIRES

1268 Corrigé de philo :

Le sujet est assez difficile car très précis, pointu, peu attendu en série Littéraire. Cependant, il est, en philosophie, assez classique, dans son problème comme dans sa formulation.
Reformulée – ce qui est toujours une excellente approche d’un problème philosophique – la question devient : « vaut-il mieux mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes plutôt que de mobiliser son intelligence sur des conneries. »
On ne peut pas dire que cela fasse avancer le schmilblick mais au moins la question est reformulée !

Décortiquons le sujet

La difficulté du sujet réside dans l’analyse précise et méticuleuse des concepts : « Qu’est-ce que la connerie ? » mais bien entendu également : « qu’est-ce que l’intelligence ? » Il fallait aussi s’interroger sur le verbe « mobiliser » qui fait appel aux souvenirs historiques de mobilisation générale. Ici, en l’espèce, celle des neurones nécessaires à l’analyse du sujet qui bien évidemment pourra totalement échapper aux élèves les moins fournis en cellules de ce type.
Le problème qui se pose dès lors est beaucoup moins abscons à la lumière de ce qu’est l’intelligence à l’aune de la connerie dont on sait combien elle prolifère dans les classes de terminale, voire au-delà jusque dans les plus hautes sphères des états de notre pauvre monde.
Souvenons-nous de Lacan qui bien loin de sa réflexion obscure pour tout être normalement constitué et parue dans Lituraterre : «Pour la psychanalyse, qu’elle soit appendue à l’Œdipe, ne la qualifie en rien pour s’y retrouver dans le texte de Sophocle» écrit pour une fois en clair : « La psychanalyse est un remède contre l’ignorance. Elle est sans effet sur la connerie».

Les notions du cours en jeu

1205 colibri olivier Corrigé de philo :
Le vol intelligent du Colibri

Les notions du programme en jeu sont : la raison et le réel (on se croit tous très intelligents mais en réalité qu’est-ce qu’on se trimbale comme connerie), la conscience et la perception (la conscience de notre propre intelligence et la perception clairvoyante de la connerie des autres), la démonstration et l’interprétation.

Les auteurs qu’il fallait citer

1266 Corrigé de philo :

Quelques auteurs possibles :
Surtout, surtout ne pas omettre le traité politico-philosophique de Michel Audiard : « à quoi reconnaît-on les cons ? » traité qui est, bien entendu, la bible indispensable pour comprendre le phénomène de la connerie. Il était sans nul doute possible voire indispensable de citer le célèbre aphorisme : « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ».
Il convenait également de ne pas oublier le dernier bouquin de Donald Trump et soulignons-le, qu’il a souhaité écrire lui-même affirmant haut et forme qu’il possédait la compétence pour le faire : « Comment réussir dans la vie quand on est con » livre référence, indispensable pour définir l’intelligence en creux. Ici, la phrase culte du livre se devait d’être citée : « je ne sais rien mais j’explique tout »
Ne pouvait être également évité Konrad Lorentz : « Évolution et Modification du comportement : L’inné et l’acquis ou la connerie et le néant » Les mots épigraphes devaient naturellement venir sous la plume : « l’ignorance ne s’apprend pas ! »
Enfin et pour prouver combien le sujet est permanent au travers des siècles et sera permanent dans les siècles des siècles futurs il convenait, probablement pour introduire la conclusion, de revenir à l’expert es-connerie, chercheur dans ses « Fonds de tiroir », Pierre Desproges qui, après un raisonnement par l’absurde d’anthologie, a pu affirmer : « Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine »

RÉDACTION DU CORRIGE

9552 Corrigé de philo :
Une connerie bricolée

Il était possible de raisonner de la façon suivante :

I. Thèse :

Il est préférable de mobiliser son intelligence sur des conneries (ce que manifestement je suis en train de faire) en définissant parfaitement ce qu’est l’intelligence – bonne chance ! – et ce que sont les conneries. Pour l’intelligence, il était nécessaire de dominer le sujet en rappelant combien « il faut parfois une grande intelligence pour ne pas comprendre » Mais ce n’était pas une raison pour rendre copie blanche ! Pour la connerie, c’est peut-être en citant des exemples de la vie courante qu’il est possible de montrer où elle se loge. Les essais nucléaires de Kim Jong-Un, chef suprême auto-déclaré de la Corée du Nord sont un exemple magnifique qui risque de nous péter à la gueule ! Pour passer au niveau supérieur, l’exemple qui venait à l’esprit immédiatement c’est la connerie de tout un peuple qui a véritablement raté son test de Q.I. en élisant Donald Trump. Quelques exemples de textes des tweets de Donald Trump étaient le bienvenu : « Comment peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari ? » à-propos de son adversaire Hillary Clinton ou encore :  « le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois dans le but de rendre l’industrie américaine non-compétitive »

II Antithèse :

Il est préférable de mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes (manifestement ce que vous tentez de faire) en définissant parfaitement ce qu’est la connerie humaine et ce que sont des actions intelligentes en tentant de citer des exemples vraiment pas faciles à trouver surtout au niveau politique. Il était possible de reprendre les arguments de la thèse mais en miroir à moins que ce ne soit par symétrie. Ainsi pouvait-on reprendre cette phrase emblématique du docteur Donald Trump parlant des vaccinations : «Stop aux injections de masse. Les petits enfants ne sont pas des chevaux – un vaccin à la fois, au fil du temps.» complétant par le trop célèbre : « On m’a apporté la preuve que j’ai raison sur les vaccinations massives : les médecins ont menti. Sauvez vos enfants et leur futur »

III. Synthèse :

Il était impératif dans la synthèse d’éviter les clichés trop souvent rabâchés du style : « On appelle charme féminin le cache-sexe de la connerie ». Par contre, il convenait, comme toujours en philosophie, de détourner la question primaire – celle posée par le sujet du bac philo dont au sujet duquel on est en train de causer – pour poser une autre problématique dont au sujet de laquelle ça deviendrait vraiment pénible de vouloir répondre et du style : « La mort, c’est un peu comme la connerie. Le mort, lui, il ne sait pas qu’il est mort … ce sont les autres qui sont tristes. Le con, c’est pareil…»

IV CONCLUSION

Il fallait élever le débat et trouver une conclusion claire, forte, puissante. Pour ma part, je vous propose cette conclusion définitive : «l’intelligence est à la connerie ce que la côte de bœuf sauce poivre flambée au Cognac est au burger de chez Mac’Do ou le Saint Émilion Château Angélus au Coca Cola».
Jean-Pierre Colle
Professeur agrégé de philoconnerie