L’égalité entre les sexes

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Sigismond de Luxembourg

L’égalité entre les sexes parait être «normale» pour tout le monde. Il est vrai que les féministes ont fait tellement de bruit qu’aucun homme ne veut prendre le risque de s’opposer à cet oukase amazone ! S’il n’en reste qu’un, je serai celui-là ! Car il est indispensable que triomphe la vérité historique : pourquoi les hommes ont-ils tenu sous leurs coupes les femmes et pourquoi ils devraient encore le faire aujourd’hui !

Au moment mémorable où les femmes ont obtenu l’égalité sous toutes ses formes avec les hommes, il n’est pas vain de rappeler quelques faits historiques irréfutables seuls capables de remettre un tant soit peu les pendules de l’égalité des sexes à l’heure s’il n’est, malheureusement, pas déjà trop tard !

L’homme est un être charmant

Car pourquoi l’homme, cet être charmant, délicat, poète, musicien, peintre à ses heures et possédant moult qualités guerrières a-t-il tenu longtemps la femme sous sa coupe ? Devait bien y avoir une raison quand même ! Ça c’est pas fait comme ça bêtement du jour au lendemain ! Nous sommes en mesure de vous révéler une de ces raisons historiques. Après une longue enquête qui a nous a mené de Bavière en Bohème, de Bohème en Carême et de Charybde en Silla, voici l’histoire de Népomucène qui dut son trépas à une femme infidèle !

Népomucène

Pour comprendre donc, oyez braves gens l’histoire du pauvre Népomucène.

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Jean Népomucène

Jean Népomucène naquit en 1343 à Pomuck, en Bohème, ce dont d’ailleurs on se fout complètement, d’un berger et d’une femme dont on ne sait rien sinon qu’elle était âgée et que la naissance fut tenue miraculeuse. Voilà ! ça commence ! Car si on ne sait rien de sa mère c’est probablement qu’elle n’était pas grand-chose autrement dit une moins que rien. Mais passons car ce n’est pas de sa faute à Jean Népomucène !

Jean grandit – c’est normal – devient notaire  – c’est plus bizarre – mais très pieux il se sent attiré par les ordres et se fait ordonner prêtre en 1379. Vif, intelligent il étudie le droit canon, part compléter sa formation à Padoue et revient gravir les échelons de base de l’église en Bohème. Il devient alors chanoine de la cathédrale Saint Guy de Prague (Saint Vitus). L’archevêque en fait même son vicaire général. Pour son plus grand malheur ! Car il est ainsi  nommé confesseur de la reine Sophie de Bavière.

La reine Sophie de Bavière

La reine Sophie qui venait tout juste d’épouser le roi Venceslas IV, roi de Bohème ! Le gros problème c’est que la reine Sophie a des choses à cacher ! Elle a en effet une relation intime et débridée avec son beau-frère Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie qui est pourtant très laid. Ah ! la garce !

Mais voilà t’y pas qu’au lieu de garder ça pour elle, tranquillement, au fin fond de sa pauvre conscience de reine, notre Sophie avoue cette liaison à son confesseur notre bon Népomucène ! Je faute avec mon beau-frère (oh ! que c’est laid !) je demande pardon à Dieu ! Et je re-faute car il ne faut pas perdre les bonnes habitudes et le bougre laid est bon…

Népomucène effrayé – c’est sa reine, quand même – met ça dans sa poche avec son kleenex par-dessus en se promettant bien de ne plus jamais se moucher de sa vie ! (pas le genre d’histoire à laisser courir à la cour de Bohème car, à cette époque-là, la cour était nerveuse ne mangeant qu’un jour sur deux d’après le célèbre historien Aznavourian.)

Le roi Venceslas IV de Bohème

Dans le même temps – comme dirait notre bon président tout frais élu – Venceslas se doute de quelque chose parce qu’il n’est pas la moitié d’un imbécile. Et le doute le travaille tellement qu’il se met à picoler un brun. Et le doute le ronge. Alors, il picole encore plus ! Le doute le mine, le sape, le dévore, le ruine, le mange, le grignote, le tourmente et pour finir, le hante ! Si j’osais, j’ajouterais, le consume ! Chaque jour, il se dit qu’il veut savoir, car il l’aime sa Sophie de Bavière, reine de Bohème dont il est le roi (de la reine et de la Bohème pour ceux qui ont du mal à suivre !) Un jour, ou plutôt une nuit, un peu plus torché que d’habitude, il se dit que si sa reine de femme est une bonne chrétienne et qu’elle faute, alors elle doit, à confesse, demander pardon et soulager sa conscience. Raisonnement imparable ! Pile dans le mille !

Le drame se noue

En pleine nuit, il fait chercher le confesseur de sa reine de femme.  « Dis-moi, mon brave Poneymucène – le roi est bourré, faut-il le remettre en mémoire de certains ? – qu’est-ce que c’est que c’est qu’elle t’a raconté à confesse ma Sophie de reine de Bohème à moi ? » le tout d’une voix pâteuse qu’on pourrait faire une tarte Tatin avec.

Népomucène est tenu par le serment d’Hippocrate des curés qui dit qu’on doit pas dire ce qui se dit à confesse ! Alors ? Népomucène dit rien, même à son roi. Mais le roi est tout puissant ! Moins que Dieu peut-être, mais pas loin. Et que fait un roi tout puissant qui veut savoir absolument tellement le doute lui ronge les sangs alcoolisés ? Il torture ! Il torture à petits feux d’abord, puis à grands feux ensuite et Népomucène prend complètement feu parce qu’il a mis un kleenex dans sa poche (voir plus haut) et que, comme chacun sait, les kleenex c’est très inflammable. Et comme, d’autre part, notre vicaire général est entêté comme une bourrique et qu’il cause toujours pas, le roi le fait jeter dans la Vltava d’abord pour l’éteindre – le roi a juste un peu pitié de sa souffrance  – mais aussi pour le noyer définitivement. La Vltava, pour les ignorants c’est la rivière qui passe à Prague, autrement dit la Moldau dont Smetana chantera le cours majestueux et lent dans un mouvement orchestral d’anthologie avec des trompettes qui ponctuent les fins de phrases (si, si, si, mi). Mais ça, c’est une autre histoire !

Et voilà notre bon Népomucène « ad patres »

Conclusion brillantissime

Et vous trouvez ça normal, vous ? À cause d’une reine qui trompe son mari avec son propre beau-frère, qu’un brave curé soit torturé, brûlé vif et jeté dans les eaux pleines de crocodiles de la rivière Vltava qui coule paisible à Prague sans rien demander à personne ?

Moi je dis que les femmes c’est pas comme nous et si c’est pas comme nous alors y’a pas d’égalité qui tienne ! C.Q.F.D.

Et toc !

Je ne signe pas car par les temps qui courent, je préfère garder l’anonymat.